La femme du coiffeur




Ce petit texte est extrait de " La Physiologie du COIFFEUR , de L.Lemercier de Neuville , en 1862


Est en général, jolie, et, - on dirait qu'il le fait exprès, ce coquin-là ! - elle a de beaux cheveux ! Cela fait un peu mentir le Proverbe : Les cordonniers sont les plus mal chaussés.

Elle est jolie, avenante, grâcieuse. Comment attendre vingt minutes dans un petit salon le moment où l'on va vous racler la peau, si ce n'est pas une jolie femme qui vous en prie ?

C'est pendant cette attente qu'elle se montre véritablement commerçante. Il faut qu'elle occupe le client et que cela lui soit profitable. Elle range des cartons remplis de cravates aux reflets chatoyants, elle remue des épingles ou des boutons de manchettes. Le client parfois s'y laisse prendre.

La coquetterie n'est pas son fort, cela nuirait à ses affaires, car essayer de plaire à l'un serait mécontenter l'autre. Il faut que vertueusement elle séduise tout le monde, dans l'intérêt de sa maison. C'est une tâche difficile dont elle s'acquitte souvent avec bonheur.

La femme du coiffeur est, en outre, professeur de coiffure ; elle identifie (?)les femmes de chambre aux mystères de la fausse natte, elle les forme dans l'art de disposer les perles et les fleurs dans les cheveux.

 Enfin, dernière spécialité, elle prête sa tête chevelue pour aider son mari dans ses innovations capillaires.

 Ah !  si la fortune ne tenait qu'à un cheveu, comme les coiffeurs seraient riches ! Malheureusement, c'est à un câble qu'elle est nouée !

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