Les loisirs de la bourgeoisie sous le Second Empire

Cet extrait d'un poème de Lamartine me fait penser à la frivolité de la femme sous le Second Empire



Le Papillon

Naître avec le printemps, mourir avec les roses,

Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur,

Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,

S'enivrer de parfums, de lumière et d'azur,

Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes,

S'envoler comme un souffle aux voûtes éternelles,

Voilà du papillon le destin enchanté!

Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose,

Et sans se satisfaire, effleurant toute chose,

Retourne enfin au ciel chercher la volupté.




La Cour donne, au début du règne de l'Empereur, l'exemple de la frivolité.



L'Impératrice, elle-même, devenue un des symboles de la "fête impériale", n'était-elle pas traitée de "frivole" par les adversaires du régime.

En 1863, l'Impératrice Eugénie disait ceci à Prosper Mérimée :

"Je ne veux pas pas voir de vieilles figures ici. Il faut une maison gaie, de la jeunesse, il faut savoir danser quand on veut être bien reçu ici".

Cérémonies et réceptions se succèdent dans une grande insouciance et liberté des moeurs.

Lorsqu'ils ne sont pas aux Tuileries ou à Compiègne, les gens de la Cour s'amusent.

En janvier a lieu le bal des Tuileries suivi par les bals travestis qui ont lieu à la mi-carême. Ces bals sont donnés par le grand monde. La représentation est donnée par des dames de la société. Le bal, toujours masqué, s'ouvre au son des violons et des cuivres. Et la soirée s'achève par le cotillon.


Bal travesti



L'empereur a remis en vogue les chasses à courre,
ceci afin d'éblouir les visiteurs étrangers.

Elles avaient lieu à Compiègne, à l'automne. La cour s'y rendait, en chemin de fer, suivie des domestiques et des nombreux bagages.


La chasse à courre
:

chasse à courre



Elle s'engageait dans les bois  les chasseurs  étaient accompagnés d'une nombreuse meute de chiens qui étaient lâchés. Les nombreux équipages, invités à suivre la course, se postaient, aux carrefours précisés, afin d'y voir passer la chasse.
Sur les plus beaux chevaux, les chasseurs en uniforme, attendaient la sonnerie du départ en compagnie de ces dames , habillées par Worth, en "Dianes chasseresses".
En fin de journée, tout le monde revenait au château (de Compiègne) pour la curée, dont le signal était donné par l'Empereur.
Les feux de bengale annonçaient, à tous, que la fête et la chasse étaient terminée.
Les repas de chasse étaient extraordinairement copieux.




Cette société est très intéressée par les distractions.

Les dîners sont un autre luxe de la bourgeoisie pendant cette période du second Empire. Et le choix d'une cuisinière est une chose très importante.

C'est la période où les bourgeois découvrent les voyages, à la suite de l'Impératrice qui, elle-même, voyage  et qui a lancé la mode des bains de mer.

Le tourisme balnéaire  est ainsi institué et l'on peut aller, dans les stations grâce au réseau ferroviaire qui relie les petits ports de Normandie entre eux et à Paris.

On commence à voyager à l'étranger : en Suisse et surtout en Italie. Mais la petite bourgeoisie se contente de passer la journée sur la côte normande.




Vole, vole joli papillon et fait nous découvrrir les créations de cette période du Second Empire si riche en divertissements






Le 11 Décembre 1852, l'empereur inaugure le Cirque Napoléon.

Ce cirque peut accueillir quatre mille personnes et donne des représentations tous les soirs, de novembre à avril.


A partir de 1861,

 
le cirque Napoléon

Le cirque Napoléon servira de salle de concert les dimanches d'hiver.
 

En 1853, naît la société des régates parisiennes. C'est un nouvau plaisir, pour les femmes, de glisser sur les yoles .

Le bal Mabille, déjà ouvert en 1843, est le lieu de réunion  des viveurs, des cocottes et des lionnes. On y verra, en danseuse vedette, vers 1850, Céleste Mogador et "Nini patte l'air"  qui inventera le French Cancan


le bal Mabille
Là, on y chante, danse et se bat.



En 1854, un décret impérial officialise le choix d'un site , la plaine de Longchamp pour construire un nouvel hippodrome. Il sera construit en dix-huit mois. et inauguré le 27 avril 1857.

Les élégantes suivent les courses, de leur calèche, pendant que les enfants  jouent au jeu de paume.

En 1855, la musique populaire voit le jour, c'est devenu un plaisir à part entière, une sorte de passion.

Les kiosques à musique fleurissent même dans les petites villes. Ils accueillent les orchestres et les choeurs paroissiaux.

Le jardin de Boulogne est inauguré, le 6 Octobre 1860, aprés avoir été réaménagé. Il réunit la flore et les animaux exotiques, il est situé au coeur du bois de Boulogne


vélocipède



En 1860, on décide la construction de l'Opéra dont la construction est le but d'un concours doté de cent cinquante mille francs. Cent soixante et onze projets furent présentés. Celui de Charles Garnier fut retenu à l'unanimité. Il portera son nom : Opéra Garnier.

Charles Garnier
Charles Garnier

N'oublions pas

 La quotidienne promenade au Bois

Champ de bataille officiel de l'affrontement entre femmes du monde et femmes du demi-monde.
Fascinées les unes pas les autres, magnétisées par leur mystère respectif, les adversaires des deux camps avaient abandonné leurs voitures à l'entrée du champ, elles voulaient se mesurer à pied.. Eparpillées sur le turf, elles se frôlaient, s'inspectaient, se dévisageaient et du regard s'assassinaient.
Chacune enviait dans la partie adverse ce qu'elle ne possédait pas ni ne posséderait jamais ; distinction, respectabilité pour la coutisane ; hardiesse et nouveauté pour la femme du monde. Celle-ci était vouée à la modération, celle-là à l'exagération ; elles se méprisaient, se haïssaient et aspiraient à changer de rôle.
Etre durant une heure cette "lionne" qui passe songeait dans le secret de son âme la dame du faubourg St Germain...Exciter les hommes, les rendre fous d'amour, les ruiner.
Maintenant que les femmes du mond s'habillent en "cocottes", elles, elles trouvent plaisant de s'habiller en femme du monde.





En résumé, la bourgeoisie s'est émancipée et a accèdé à la vie sociale en copiant la haute société.

Napoléon III ne disait-il pas : "Nous sommes des parvenus".



Quelques livres à lire :

Les lionnes du Second Empire d'Auriant,  paru en 1935
Grandes courtisanes du Second Empire
par Bernard Briais,
paru en ?
Les jolies femmes de Paris
de Diguet Charles